Enfant superlatif du brassage culturel à la française, l’afrofunk de SUPERGOMBO descend aussi probablement du Tout Puissant Orchestre Poly-Rythmo et des Headhunters. Nourri de Mbalax sénégalais, de soukous congolais, de funk US et de jazz mondial, le son qui se joue ici est donc forcément d’ailleurs. Pourtant, on ne parlera pas avec eux de « world music ».
Du monde, SUPERGOMBO garde plutôt le rythme, frénétique et incontrôlé. Même si ce groupe de 7 musiciens sait qu’il faut parfois freiner, flâner, prendre son temps. SUPERGOMBO fait ainsi tranquillement son super-marché de Bamako à Ouaga, avec détour obligatoire par la Guillotière, quartier lyonnais connu pour sa mixité. Faire voyager tout un chacun et faire danser les foules, c’est le double objectif que s’est fixé Supergombo.
En point de départ du voyage, Etienne Kermarc a choisi les sons de l’Afrique de l’Ouest, ceux que son père a ramenés de ses années passées en Afrique et que le bassiste a eu à coeur de confronter à sa propre culture du jazz. Ses compagnons de route – Aurélien Joly et Nacim Brahimi aux souffles, Romain Nassini et Riad Klai pour les harmonies, le Réunionnais David Doris et le Burkinabé Wendlavim Zabsonré derrière les fûts et autres percussions – apportent chacun leur pierre à l’écriture ou à l’arrangement des idées et des sonorités. Pour la réalisation, le label Z Production confie la tâche à Vincent Taurelle, Etienne Meunier et Benoît Bel. Des rythmes bikutsi (Faraphonium) aux gammes mandingues (Nâ Kuima), entre grooves embrasés et couleurs irisées, Supergombo orchestre une suite africaine qui lorgne sans complexe à l’ouest comme à l’est, du côté des Antilles ou de l’extrême orient !
Sans aucun doute, cette musique-là sait surprendre. Mais surtout se poser, s’installer. Dans la tête, pour mieux gagner tout le corps. Rien d’étonnant donc à ce que Supergombo s’épanouisse dans la répétition inlassable et tutoie parfois en cela les transes électroniques. Mais à aucun moment cette musique n’oublie ses racines.